L’an deux mille onze et le vingt cinq Août à dix neuf heures trente, le Conseil Municipal de cette Commune, régulièrement convoqué par convocation adressée le 11 Août 2011, et affichée le même jour, s’est réuni au nombre prescrit par la loi, dans le lieu habituel de ses séances sous la présidence de Monsieur Michel BERNOS, Maire.
Présents : Mesdames MEDAN, ROTH, CASENAVE, CASSOU, BERCAIRE, CARRAZ-SANSOUS, HAKIMI RIFKI, PEYRAN, COMMENGES, CASTA-BLANC, DUFAU POUQUET,
Messieurs BERNOS, LASSALLE, LOUSTAU, MALO, FOURNIER, AUBRUN, CAYERE, CONNIL, LAHILLONNE
Absents avec Pouvoirs :
Mme MANUEL pouvoir à Mme ROTH
Mme SABROU pourvoir à Mr LOUSTAU
Mr DURROTY pouvoir à Mr BERNOS
Mme HERNANDEZ pouvoir à Mme MEDAN
Mme DUPARCQ pouvoir à Mr MALO
Mme SOUBIES pouvoir à Mme COMMENGES
Mme GEROMET pouvoir à Mr LAHILLONNE
Absent excusé :
Mr BANIZETTE
Secrétaire : Melle PEYRAN
Schéma Départemental de Coopération Intercommunale (SDCI) : avis à donner
Rapporteur : Monsieur le Maire
Déclaration Monsieur le Maire
En application de la loi du 16 décembre 2010 portant réforme des collectivités territoriales, le Préfet est chargé d’élaborer après concertation un Schéma Départemental de Coopération Intercommunale visant un triple objectif :
- achever la carte intercommunale par le rattachement des dernières communes isolées,
- rationaliser le périmètre des EPCI à fiscalité propre existants,
- simplifier le réseau des syndicats.
Le Préfet a réuni la Commission Départementale de Coopération Intercommunale les 27 avril et 5 mai derniers et a présenté des projets de schéma.
Le schéma a été notifié le 26 mai 2011 par courrier reçu le 30 mai 2011 à la communauté d’agglomération et dans la quasi-totalité des communes, lesquelles disposent de 3 mois pour se prononcer, faute de quoi la décision sera réputée favorable.
Vous êtes donc appelés à vous prononcer.
- La proposition sur le périmètre ;
Le Préfet préconise d’élargir la communauté d’agglomération aux territoires présentant les liens les plus forts avec l’agglomération sur la base de l’unité urbaine de Pau. Les propositions du Schéma visent donc à se rapprocher au maximum de ce périmètre en pérennisant les liens de solidarité existants entre les communautés de communes du Miey de Béarn, du Luy du Béarn et de Gave et Coteaux. Il a repris le découpage des intercommunalités pour faire simple.
- Des propositions concernant l’assainissement et l’alimentation en eau potable.
En terme de gestion du cycle urbain de l’eau sur le territoire de la future agglomération paloise le schéma retient du point de vue institutionnel :
- pour l’eau potable : le regroupement des collectivités qui se fait en 2 sous ensembles : partie amont – fusion du SIEP Lescar et du SIEP Jurançon et Pau, partie avale, fusion du Syndicat Eau et assainissement des trois cantons : Syndicat Gave et Baïse, Syndicat de Gréchèse, Syndicat mixte d’eau potable de la région d’Orthez.
- pour l’assainissement : transfert de la compétence aux EPCI à fiscalité propre pour qu’à l’échéance du schéma elle soit exercée par l’agglomération.
Pour l’exercice de la compétence en Eau Potable, le schéma ouvre également la voie au transfert de la compétence à l’agglomération sous réserve d’une analyse technique quant à sa faisabilité.
3. propositions concernant les déchets :
Le projet de schéma prévoit l’exercice de cette compétence par les EPCI à fiscalité propre éventuellement par le biais de syndicats mixtes. Actuellement, la collecte est déjà assurée par la communauté d’agglomération Pau Pyrénées, ainsi que par les EPCI qui rejoindront la communauté d’agglomération Pau Pyrénées soit directement, soit via le SIECTOM. Il convient de noter toutefois deux éléments :
- le modèle de financement de la collecte n’est pas défini sur le futur territoire intercommunal,
- et une harmonisation des pratiques devra impérativement être mise en place.
S’agissant du traitement des déchets la compétence sera répartie entre 3 syndicats mixtes présents sur le département, elle est déjà exercée pour toutes les communes de la future agglomération par le Syndicat Mixte de Traitements des Déchets qui est conforté par la réforme.
4. Les propositions concernant l’aménagement des rivières, le projet prévoit que chaque EPCI se dote de la compétence rivière et la transfère à un syndicat mixte à l’échelle du Gave de Pau et de ses affluents, ce qui permettrait une vision plus intégrée des bassins versants.
5. Les propositions en matière d’aménagement de l’espace, le schéma pose le principe suivant à savoir la substitution de plein droit des EPCI à fiscalité propre aux syndicats infra communautaires et le maintien de structures portant sur des domaines très spécifiques.
Ces éléments d’informations vous en avez eu communication par l’envoi d’une note de synthèse et des propositions présentées par le Préfet, et bien sûr à l’occasion de la réunion que nous avons organisée en commission plénière au sein de ce conseil en juillet 2011.
Le Préfet nous propose donc d’émettre un avis.
Ce texte proposé appelle un certain nombre de commentaires.
Une réforme territoriale est nécessaire et souhaitable pour notre pays ; personne de sérieux ne saurait le contester ; elle ne doit pas se conduire de manière aveugle, technocratique, sans prendre en compte la spécificité de chaque territoire, son histoire. Elle doit respecter le principe de libre administration des collectivités territoriales;
Personne n’est opposé à une réforme territoriale. Sur bien des aspects, le statut quo n’est pas souhaitable. La maîtrise des finances publiques conduira à une restructuration de son territoire, mais également à repenser le mode de fonctionnement des politiques publiques à l’échelon territorial et à les simplifier. Nous ne pouvons qu’y souscrire ; Le mille feuilles administratif est source de gabegies et souvent d’inefficacité.
Toutefois, ce projet de réforme a été rejeté par l’assemblée des maires de France et la proposition d’application au niveau local suscite des réserves.
Sur le choix du périmètre, s’il semble répondre à une partie de la problématique territoriale, en rapprochant effectivement du bassin de vie naturelle, il occulte un pôle industriel majeur. Il laisse une intercommunalité décider pour un pôle économique majeur dont la dimension la dépasse singulièrement ; c’est une erreur
Si on est dans la volonté de créer un périmètre qui prenne en compte la future dimension de pole métropolitain, il apparaît pour le moins surprenant que cette dimension économique (basin de Bordes) n’ait pas été pris en compte.
A vouloir trop coller, sur l’existant des intercommunalités, on ne crée pas les conditions nécessaires pour faire de Pau un acteur majeur à terme.
L’argument tiré de l’évolution de la fiscalité sur les personnes n’est pas recevable. Assurer de la cohérence au projet, c’est certes améliorer les services à la personne, les politique de mixité sociale, de logement. Par exemple dans le cadre de l’amélioration du service à la personne nous ne pouvons pas occulter le développement économique et l’emploi. Le périmètre doit prendre en compte le bassin d’emploi.
Le deuxième point, c’est le volet des ressources financières. Cette réforme est absolument sans aucune information sur l’évolution financière des futures intercommunalités et par voie de conséquence sur nos communes.
Après la suppression de la Taxe Professionnelle et son remplacement aléatoire par des dotations d’Etat gelées, et des taxes non pérennes, l’étranglement financier va se poursuivre. La mise en œuvre de la réforme proposée va aggraver cette situation, le tout dans un contexte économique particulièrement difficile, à budget constant et ne nous faisons pas d’illusions, le spectre de la récession plane également sur les transferts de l’Etat.
Nous notons un certain nombre de réserves, notamment sur la méthode qui laisse apparaître une impression de passage en force de l’Etat, ainsi que sur le défaut de débat et l’absence de mécanisme incitatif.
Le calendrier également nous interpelle. Les améliorations et les délais supplémentaires accordés l’ont été certainement au cours de cette période estivale pour apaiser les rancœurs et les inquiétudes, compte tenu du délai particulièrement court qui avait été mis en œuvre et qui donnait une impression extrêmement désagréable. Il convient de laisser du temps au temps afin de mesurer le chemin parcouru, les écueils rencontrés.
Ce doit être également l’occasion de mettre à plat la réalité du fonctionnement de notre communauté d’agglomération. Le vote récent qui a eu lieu ce lundi, a démontré toute la difficulté de l’organisation de cette dernière ainsi que ses dérives.
Un développement de sa bureaucratie, une augmentation de ses charges de fonctionnement alors même que nous pouvons nous interroger quant à la qualité du service public rendu et sur la qualité d’une vraie réponse favorable et légitime à l’attente de nos concitoyens. Une absence de politique d’intégration depuis 2008 ; pour mémoire le coefficient d’intégration est de 0,29 (en moyenne en France 0,50).
L’argument nous enjoignant d’aller de l’avant n’est pas recevable. Si cela signifie faire du CIF pour du CIF afin de récupérer des dotations, c’est illusoire.
Nous allons dès cette année perdre des ressources en matière de dotations, et l’explosion de notre budget de fonctionnement (notamment en frais de personnel), une mutualisation qui ne sert que les intérêts de la ville centre et que nous dénonçons, une bureaucratie, une inertie, l’absence de projet en commun, le peu d’efficacité et d’efficience de l’exécutif, la valse des cadres, à ce jour de nombreux cadres de direction ont abandonné le navire, nous paralyse.
Nous ne devons pas compter sur une manne illusoire pour nous remettre à flot ; nous partons de trop loin. Voir la délibération du LUY du Béarn, assez révélatrice à cet égard.
Très clairement notre communauté d’agglomération à 14 ne fonctionne pas. Sommes-nous exemplaires pour pouvoir attirer les autres ? Actuellement je ne le pense pas. Il convient de se référer aux derniers votes des intercommunalités qui refusent ce projet et de venir vers nous.
Les interrogations et les rejets qui se sont manifestés récemment en témoignent.
C’est aussi une des causes de notre interrogation. Cette réforme, c’est aussi la remise en cause des missions de service public avec de grandes collectivités éloignées des citoyens avec la loi du marché qui s’impose, certainement l’arrivée du privé à la place missions suivies aujourd’hui par les syndicats intercommunaux .
C’est aussi un risque pour l’équité entre les territoires, le respect de leur identité et leur nécessaire solidarité.
Le temps laissé aux communes et aux EPCI, par le cadre législatif règlementaire n’a pas permis aux collectivités de mener sereinement les débats qui engagent l’avenir et le devenir des populations. L’absence de visibilité globale des conditions financières et fiscales dans laquelle se réaliserait la mise en œuvre du schéma ne permet de favoriser la construction de projet sur des bases essentielles du rapprochement consenti. L’absence d’engagement positif de l’Etat dans la mise en œuvre de ce projet de réforme du territoire révèle un manque de volonté d’accompagner les collectivités locales dans l’exercice de politiques publiques indispensables pour le bien être des populations et au développement des territoires.
Nous sommes également interpellés par les propositions de rationalisation concernant l’assainissement et l’alimentation en eau potable qui ne sont pas entourées de toutes les garanties nécessaires. Les propositions concernant les déchets vont nécessiter la mise en œuvre d’une très grande réorganisation tant des pratiques que des financements avec des démarches extrêmement longues et coûteuses.
Sur l’aménagement des rivières, si la simplification dans un premier temps peut apparaître comme une solution de bon sens, actuellement, il semble très compliqué de déterminer quel sera le pilote dans cet avion qui pilotera ce grand syndicat et qui sera l’interlocuteur efficace en l’espèce.
Nous devons donc mesurer l’intérêt de notre commune et nous placer, hors de tout cadre partisan, c’est le sens que j’entends donner à cette délibération.
Compte tenu des éléments qui viennent d’être évoqués en préambule, je propose la délibération suivante :
La Conseil municipal de Jurançon, en date du 25/08/2011 après en avoir délibéré, juge souhaitable un approfondissement de l’intercommunalité actuelle et proposera des avancées notables en ce sens dans les prochaines semaines et se prononce de manière positive pour une rationalisation et une harmonisation des réseaux des syndicats,
- Toutefois, il s’interroge sur la définition du périmètre qui en l’état actuel des choses va exclure des communes qui sont des éléments essentiels du développement économique régional et de l’emploi et de fait occulter la mise en œuvre d’un véritable pôle métropolitain ;
- il désapprouve la méthode, l’absence de débat et de temps laissé aux communes et aux EPCI qui n’a pas permis aux collectivités de mener sereinement des débats qui engagent l’avenir et le devenir des populations et des territoires ;
- il s’inquiète de l’absence de visibilité globale des conditions financières et fiscales dans laquelle se réaliserait ce schéma départemental qui n’est pas de nature à favoriser les projets communs, notamment par l’absence d’engagement positif de l’Etat dans la mise en œuvre de ce projet de réforme qui révèle un manque de volonté d’accompagner les collectivités locales ainsi que l’absence de dispositifs financiers d’incitation qui puissent éclairer la commune quant à ses perspectives financières ;
- il s’inquiète d’une gouvernance qui au travers des textes légaux risque d’éloigner le citoyen des centres de décisions sans lui assurer la garantie d’un service public de qualité ;
- il s’inquiète de l’absence de respect attendu de l’identité et de l’égalité de nos communes qui constituent le socle nécessaire de toute construction intercommunale solidaire ;
- il souhaite que le temps nécessaire soit octroyé afin de consolider la structure intercommunale à laquelle elle appartient actuellement et dans laquelle elle souhaite œuvrer dans un premier temps à son approfondissement ; qu’à cet égard, il est nécessaire de consolider et de structurer notre communauté d’agglomération actuelle avant d’envisager tout élargissement ;
Il s’agit d’agir en personne publique responsable en finalisant et approfondissant l’intercommunalité dans sa réalité actuelle par le transfert de compétences nouvelles et la mise en œuvre de projet commun et solidaire afin de lui donner en préalable un socle suffisant ; il s’agit de la rééquilibrer financièrement, afin de permettre à terme, après les élections générales de 2014, un élargissement tenable et durable dans l’intérêt de tous, tel est notre objectif.
L’élargissement dans la précipitation et dans les conditions actuelles de fonctionnement de la CDAPP ne peut que conduire à un échec et les propositions actuelles présentées par l’Etat ne sont pas susceptibles d’assurer les conditions d’un développement équilibré, pérenne et solidaire de notre intercommunalité.
En l’état actuel nous nous prononçons de manière défavorable.
Déclaration Janine DUFAU POUQUET
La réforme territoriale votée par les élus de la majorité présidentielle à l'assemblée nationale est loin de faire l'unanimité dans les communes je dirai même que les communes les plus frileuses sont celles liées à la majorité présidentielle. Il s’agit effectivement d'une réforme menée au pas de charge avec un calendrier imposé et sans visibilité ni garantie sur le financement. C’est donc bel et bien un nouveau désengagement de l'Etat
Concernant les propositions du préfet, le sujet qui nous intéresse c’est bien évidemment l’élargissement de l’agglomération de Pau par l’intégration de communautés de communes voisines. Martine LIGNIERES-CASSOU et les élus de gauche dans leur majorité se sont prononcés pour ce scénario. Notre Mairie n’a pas pris part au vote. Les élus de gauche se sont prononcés pour un territoire plus fort et plus solidaire là où les élus de droite ne se sont pas montrés à la hauteur des enjeux préférant se complaire dans une logique de villages et de repli sur soi.
Car il ne s'agit pas aujourd'hui de reconstituer un puzzle avec les communes existantes mais d’engager la nouvelle communauté dans une dynamique d’avenir où nos compétences seront partagées et nos services mutualisés.
L’habitat, les transports, la voirie, l’eau et l’assainissement sont autant de sujets qui ne concernent pas seulement les communes de l’agglomération actuelle mais bien toutes les communes environnantes qui composent l’aire urbaine de Pau.
L'exemple de la communauté de Lacq est édifiant : la fusion est un succès et les communes associées au nouvel ensemble bénéficient déjà de nouveaux services comme l’aide aux devoirs ou le tri sélectif.
M. le Maire ou plutôt devrais-je dire ici Monsieur le vice-président de la communauté d'agglomération de Pau : vous qui êtes chargé de l'économie pouvez-vous nous dire comment le développement économique de notre territoire peut se faire si nous restons entre nous et que nous n’élargissons pas notre territoire ? Vous avez raison d’appeler de vos vœux l’intégration du bassin de Bordes mais vous êtes dans une totale contradiction puisque vous n’approuvez pas l’élargissement. Pouvez-vous nous dire quel travail votre commission à l’agglo a engagé pour la mise en place d'industrie nouvelle: quels projets avez-vous suscité à ce jour ?
Par ailleurs, vous avez récemment affirmé que la communauté d’agglomération serait prochainement en cessation de paiements. Ce n'est pas sérieux c’est un mensonge. D’ailleurs c’est l’élargissement que vous combattez qui permettra aux finances de se fortifier.
Le problème de la communauté d’agglomération c’est un problème de gouvernance. Là où l’intérêt communautaire devrait primer, vous y faites, avec vos collègues de droite, de la politique politicienne.
Rendez-vous compte : vous êtes vice-président de la communauté d’agglomération et vous vous prononcez contre la majorité, contre l’intérêt communautaire. En refusant le développement de l’agglomération vous condamnez nos communes à jouer un rôle périphérique là où Jurançon pourrait être un moteur de l’agglo.
Nous sommes élus pour un territoire et ses administrés. Il est de notre devoir et de notre responsabilité à nous élus locaux de préparer l'avenir, car cette décision nous projette bien au delà des mandats de chacun d'entre nous,
Pour nous c'est un oui mais...
Déclaration de René LAHILLONNE
Le débat engagé dans les collectivités est présenté comme un débat d’initiés.
En fait cet énième débat sur les institutions et la décentralisation touche aux fondements de notre démocratie, de notre République.
Pour mieux expliquer mon point de vue, une mise en perspective historique me semble un préalable nécessaire.
Mon propos en sera exhaustif mais je m’y autoriserai ; je vous en remercie par avance.
Pour les français, l’Etat et les communes demeurent les institutions démocratiques les plus reconnues. C’est le fruit de plus de 200 ans d’histoire et la participation des citoyens à ces deux scrutins - assemblée nationale et assemblées communales - en atteste. Nous pouvons observer que dès que l’on touche à l’Etat ou à la commune, fondements de notre démocratie, les résistances sont nombreuses et pourtant des évolutions ont eu lieu :
des évolutions souvent nécessaires mais avec un déficit démocratique récurrent et préoccupant.
Pour la clarté de mon propos, je soulignerai deux aspects de cette mutation.
La France rurale du XVIII et du XIX siècle n’est plus. Prôner l’autonomie des communes est une illusion. De fait, les coopérations intercommunales se sont développées avec des SIVU, des SIVOM, des EPCI - c’est le cas pour les déchets, l’eau, les transports...... Elles ont permis de répondre aux besoins de la population mais aujourd’hui les 266 syndicats de notre département sont une aberration. Les citoyens et la plupart des élus sont dépossédés de tout pouvoir et de toute responsabilité en délégant une compétence à des structures souvent mises en concurrence entre elles ou avec les collectivités. Leur légitimité démocratique est devenue illusoire. Cette coopération nécessaire a conduit - ce n’était pas inéluctable - à la création de communautés de communes ou d’agglomération avec des villes déléguant nombre de ses compétences. A ce sujet, contrairement à ce qui est souvent dit, notre agglomération a un coefficient d’intégration modeste. Ce qui pose problème, ce n’est pas trop de compétences déléguées mais la forme de gouvernance : un bureau avec seulement des maires venant servir leur commune sans se soucier de conduire des projets de coopération dans l’intérêt de tous.
D’autre part, le bouleversement essentiel a été la création de l’Europe qui suscite toujours débat. Pour la paix, le développement économique et culturel, le progrès social, c’est l’avancée historique du XXème siècle ce qui n’est pas une approbation de ma part des choix libéraux de l’Europe. La diversité des institutions dans les autres pays européens nous a confronté à des cultures plus fédéralistes ce qui nous a poussé à donner plus de pouvoir aux régions mises en concurrence avec l’Etat mais aussi avec les départements.
Aujourd’hui, la loi de décembre 2010 et ce débat s’inscrivent dans un long parcours.
Dans ce processus, comment ne pas évoquer l’échec du référendum de 1969 :
en supprimant le Sénat et en créant les régions, il était l’avancée dont la France avait besoin. Dans le contexte historique de 1969, le plébiscite contre De Gaulle a été une opportunité ratée pour l’évolution de nos institutions : c’était il y a 40 ans.
L’enjeu étant bien moindre, la proposition d’aujourd’hui suscite le même type de réactions. Certains à gauche, s’y opposent car elle est antidémocratique, sans garantie financière ; à mon sens, ils veulent surtout affirmer fortement leur opposition au président Sarkozy ; d’autres s’y opposent par une attitude conservatrice et réactionnaire sous prétexte de défendre leur commune pour ne pas dire leurs petits privilèges et le front anti Lignères qui s’est affiché à l’agglomération est un pitoyable prétexte.
Il aura fallu la loi Deferre de 82-84 créant les régions d’aujourd’hui et surtout supprimant la tutelle de l’Etat aux collectivités, il aura fallu la loi Chevènement de 99 sur les agglomérations pour modifier sensiblement et durablement le paysage institutionnel de notre pays.
La triste loi Pasqua, la loi Voynet sur les pays qui est passée à la trappe ou la dernière loi Raffarin qui organise mieux l’action sociale ne changeront pas l’esprit de ce mouvement.
Aujourd’hui la loi de décembre 2010 supprime les départements et je n’en serai par chagrin mais limite les pouvoirs des régions dans un esprit bonapartiste qui ne souffre pas qu’un pouvoir régional puisse faire de l’ombre au pouvoir central.
Dans un processus peu démocratique, elle incite ou obligera les collectivités à se regrouper mais au final où sont les citoyens ? Bien loin, ils souffrent des orientations ultra libérales du gouvernement Sarkozy, ne se sentent pas concernés mais plutôt dupes du politique.
Les français se détournent de la politique et ne savent plus que choisir. C’est dangereux !
Aujourd’hui, les citoyens n’ont que faire de ce débat où on ne les a pas invités, ce sont les élus qui rechignent – les présidents de communautés de communes qui perdent leur leadership, la pléthore de présidents et vice présidents de communautés de communes et de syndicats où chacun regarde son médiocre privilège dans un patchwork de structures concurrentes quand l’enjeu est l’intérêt général d’un bassin de vie.
Pour terminer, permettez moi de repenser aux principes qui devraient guider notre action politique, des principes que tous les français comprennent et qui sont les fondements d’une République sociale et solidaire.
Créer du développement, de la richesse en suscitant l’initiative.
Localement, cette action s’organise sur un bassin de vie.
Répartir la richesse. Aujourd’hui le dogme libéral valorise l’argent aux dépends du travail et de la création. Cette plaie ronge notre pays et toute l’Europe. Dans cette logique, la loi proposée risque fort de priver les collectivités locales des moyens nécessaires pour se développer. L’austérité exigée sous prétexte de bon sens frappe les ménages, elle frappe aussi les collectivités ce qui appauvrit le pays.
Le dernier volet est sûrement la démocratie qui permet aux citoyens de notre pays d’être acteurs de leur destin. Nous avons besoin d’institutions lisibles – Europe. Etat. Région. Agglomération. Ville – avec des élections démocratiques à la proportionnelle permettant à la diversité des sensibilités de s’exprimer. Nous avons besoin d’élus responsables, des compétences clairement attribuées, d’élus responsables de leurs actes devant les citoyens pouvant comprendre des compromis mais aussi exiger des changements.
Je terminerai par un enjeu important à mon sens. La commune a toujours été le creuset de la démocratie de proximité ; nous devons construire une démocratie de proximité qui permette à chacun de se sentir écouté, entendu. Cette démocratie est à inventer dans les villes et les villages, dans les quartiers, dans les entreprises et dans notre agglomération, par une décentralisation des services pour retrouver dans une logique de coopération, des services publics de proximité et des élus de proximité garants des intérêts particuliers et de l’intérêt général.
Comme contribution à ce débat, l’ensemble des élus de l’opposition vous propose un avis au préfet que nous souhaitons soumettre au vote de notre assemblée.
MOTION PROPOSEE PAR R. LAHILLONNE AU CONSEIL MUNICIPAL DE JURANÇON
Après débat sur la proposition de Schéma de Coopération Intercommunale, le conseil municipal réuni ce 25 août 2011 tient à se manifester :
- Contre les méfaits de la politique libérale du gouvernement Sarkozy
- Contre la méthode antidémocratique proposée aujourd’hui sur un sujet touchant aux fondements de nos institutions
- Pour une autre répartition de la richesse, une réversion juste aux collectivités locales nécessitant un volet financier pour engager les collectivités à se regrouper.
- Pour le périmètre proposé en y rajoutant la Communauté de Communes de la Vath Vielha.
- Pour la prise de compétence « eau » par l’agglomération et la création d’un syndicat de l’eau correspondant à ce périmètre.
- pour que le syndicat du gave intègre l’ensemble du bassin versant et que les EPCI concernés prennent cette compétence et se dotent des moyens nécessaires.
- Pour développer une synergie Pau – Lacq – Tarbes – Lourdes, socle d’un pôle de développement du Sud-Ouest de la France.
Monsieur le Maire souhaite commenter les interventions politiques.
Concernant l’intervention de Mme DUFAU.
Je suis surpris car habilement vous avez pris une posture politique en mettant d’un côté la Gauche et de l’autre la Droite. C’est une posture qui n’a pas lieu d’être dans ce débat. Tout d’abord, vous êtes membre du Parti Socialiste et vous n’ignorez pas que la 30ème proposition de votre parti s’est l’abrogation de cette loi, vous m’expliquerez comment voter favorablement dans une loi que votre parti a décidé d’abroger. Ensuite, quand on analyse le questionnement sur la communauté d’agglomération, j’ai un souci car autour de la table vous avez des élus Communistes (Mr DARTIGOLLES), des élus de Gauche (Mr LAINE), des élus modérés, ce n’est donc pas simplement l’affrontement de la droite contre la Gauche. Le fond du problème c’est que je suis un vrai communautaire, mais nous avons un problème de gouvernance au sein de la CDA PP. Dans la proposition que j’adresse ce n’est pas une proposition pour ou contre quelqu’un, c’est avant d’arriver en 2014 aux élections générales, qu’on aille vers un approfondissement en mutualisation, en terme de compétences, qu’on quitte ce socle de 0,29 qui ne veut rien dire, pour aller vers un socle de 5,50 et qu’à partir de là, on puisse construire une véritable intercommunalité. Je partage votre sentiment concernant le mille feuilles administratif. On est tenu par une vraie rationalisation. Ma position n’est pas une position de défendre un intérêt ni catégoriel ni d’un petit territoire. Je m’inscrits dans une autre perspective. La preuve, c’est mon souci d’avoir un bassin de développement économique qui intègre Serres-Castet et la zone de Bordes. Il ne faut pas prendre de posture politique. Si les élus modérés refusent cette réforme alors même que les élus nationaux l’ont acceptée, c’est que l’analyse que vous faites, nous la partageons mais nous avons un problème spécifique dans la CDA PP, il n’est pas lié à Mme LIGNIERES-CASSOU, c’est un problème de gouvernance général. C’est ce problème de bureau des Maires qui n’est pas acceptable. C’est aussi les choix faits depuis 3 ans. Etre responsable, c’est dénoncer des méthodes. Il faut dire que la CDA PP fonctionne mal (explosion des frais de fonctionnement, fuite des cadres, …). Mon objectif d’ici 2014, c’est d’amener cette ville dans laquelle les jurançonnais se sentent bien et dans laquelle ils se sentent bien dans la CDA PP. Mais pour cela il faut réaliser un travail de fond, d’assainissement financier. Effectivement dans ce débat, il y a la réduction des syndicats, qui est une page très positive, mais le cœur du dossier c’est pour cela que j’émets un avis défavorable, c’est pour susciter du débat, telles que les choses se sont passées, il y a une volonté communautaire de travailler ensemble et actuellement la CDA PP est en panne. Il faut que nous mettions à plat un certain nombre de difficultés sans jeter d’acrimonie, pour retravailler ensemble. Je trouve que ce débat a une certaine importance, mais il a été galvaudé c’est dommage. Je veux un véritable approfondissement pour aller de l’avant sur un certain nombre de compétences.
René LAHILLONNE
Je trouve votre attitude Mr le Maire très défensive, car au regard de l’enjeu pour la ville de Jurançon, ce dernier est mineur et on est acteur de ce qui peut changer. Mais vous êtes inquiet. Il faut pour moi, que les villes qui sont déjà en place puissent faire bouger les choses par leurs propositions.
Il ne faut pas être sur le reculoir, il faut être en mouvement et aller de l’avant.
Janine DUFAU
Le Parti Socialiste a voté contre ce projet. Nous sommes contre car ce dossier a été traité dans la précipitation mais aussi à cause du coût du financement. Par contre, nous sommes d’accord pour dire que s’il y a un projet, on le met en commun, on se regroupe et on avance. Nous sommes d’accord sur le fait que les choses doivent changer.
Monsieur le Maire revient sur le projet du Parti Socialiste et sur l’article visant à abroger cette loi. Il en est de même pour le parti communiste.
Nous avons un réel problème quant au devenir de notre CDAPP, il faut impérativement que pendant les 20 mois qui arrivent, nous approfondissions à marche forcée. Nous sommes à 0,29 nous avons beaucoup trop de retard. La difficulté de cette loi c’est qu’elle tombe comme un couperet car nous avons du retard, pour les autres cas, elle joue un rôle d’accélérateur.
Damien CONNIL
Ce projet présente à mes yeux deux points. Un point positif, c’est l’effort fait dans ce projet sur la rationalisation des syndicats intercommunaux. Un réel effort (insuffisant) mais un vrai effort est fait. Finalement avec le mille feuilles administratif que l’on a on a un double problème : trop de feuilles, mais des feuilles qui ne se correspondent pas les unes les autres. C’est déjà un premier pas que nous propose le Préfet avec le schéma de coopération intercommunale. Pour autant et c’est le manque qui me paraît capital, on construit la machine intercommunale à l’envers. Le déficit démocratique des structures intercommunales ne nous permet pas d’avoir une visibilité et une lisibilité et une compréhension de ces structures et cette seule raison là, suffit à me faire voter contre ce projet.
Monsieur le Maire soumet au vote le projet présenté par la Majorité.
Le conseil municipal se prononce de manière défavorable par 21 voix pour et 6 voix contre (J. DUFAU, M. COMMENGES, P. SOUBIES, M. CASTA BLANC, R. LAHILLONNE, M. GEROMET).
Dans un second temps, il présente au vote la motion proposée par Monsieur R. LAHILLONNE. Cette proposition n’ayant obtenu que 6 voix pour, a été rejetée.
L’ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.